L'équipe de la Galerie a été très sensible aux hommages rendus à Claude Bernard, lors de ses obsèques le 21 novembre. Nous remercions du fond du coeur ses amis qui ont pris la parole au sein de la grande assemblée réunie pour la cérémonie et sommes heureux de partager avec vous leurs mots choisis
Chantal Colleu-Dumont, directrice du Domaine de Chaumont-sur-Loire et amie de Claude Bernard : " « Il y a des êtres qui, par leur seule existence, vous font remercier d’être vivant » disait Albert Camus. Claude Bernard était l’un de ceux-là."
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Jacques Doré, ami de Claude Bernard : "Beaucoup d'articles de presse ont paru depuis quelques jours, en l'honneur de Claude..."
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Publications dans la presse :
CONNAISSANCE DES ARTS - 17 NOV - " Le marchand d'art moderne et contemporain Claude Bernard est mort aujourd'hui ..." Lire la suite…
TELERAMA - 17 NOV - " Il a représenté les plus grands artistes du XXème siècle, Alberto Giacometti comme Francis Bacon..." Lire la suite…
LE FIGARO - 17 NOV - " Mort de Claude Bernard, le prince narquois de l'art..." Lire la suite…
LE QUOTIDIEN DE L'ART - 17 NOV - " Il était considéré comme le doyen des galeristes parisiens : Claude Bernard s'est éteint..." Lire la suite…
LIBERATION - 17 NOV - "Le doyen des galeristes parisiens est mort à l'âge de 93 ans..." Lire la suite…
MINISTERE DE LA CULTURE - 17 NOV - " L'élégant et discret galeriste Claude Bernard qui exposait depuis 1957 les plus grands peintres modernes..." Lire la suite…
CLAUDE BERNARD par Chantal Colleu-Dumont
« Il y a des êtres qui, par leur seule existence, vous font remercier d’être vivant » disait Albert Camus. Claude Bernard était l’un de ceux-là.
C’est donc avec beaucoup d’émotion que je prends la parole aujourd’hui pour vous parler d’un homme pour lequel nous avions tous beaucoup d’affection et beaucoup d’admiration, un homme que les artistes et le milieu de l’art respectent infiniment, tant son parcours et son existence furent exceptionnels.
UN GRAND DECOUVREUR
C’est un tout un pan de l’histoire de l’art et des galeries parisiennes qui disparaît aujourd’hui avec lui. Claude Bernard était un découvreur. Il fut l’un des meilleurs regards de sa génération, repérant, avant les autres, les grands artistes, avec un instinct sans faille et une acuité hors du commun. Car cet homme profond, sensible et exigeant, fut le galeriste de Bacon et de Giacometti, celui de César et d’Ipoustéguy, celui de Lucian Freud et de Zoran Music, celui de Balthus et de Morandi, celui de Rebeyrolle et de Cremonini, celui de de Sam Szafran et d’Antonio Segui, et de tant d’autres figures tout aussi prestigieuses de la seconde moitié du XXème siècle que je ne peux citer ici. Claude Bernard a toujours fait preuve d’une immense curiosité. Il avait l’œil absolu et nul ne pouvait l’influencer.
C’était un galeriste d’un autre temps, il manifestait une extrême attention à l’égard de ses artistes, il entretenait avec eux un lien très fort et très subtil. Il savait quelle lumière ils apportent au monde. Il savait quelles souffrances ils traversent souvent.
UN MARCHAND D’ART MENTALISTE
Il fut un grand galeriste, un grand marchand d’art, un grand médiateur, un grand intercesseur entre artistes et collectionneurs. Sa longue carrière à la tête de la Galerie du 7-9 de la rue des Beaux-arts lui fit rencontrer nombre d’amateurs d’art qu’il observait avec une grande finesse, une science infaillible, guettant les signes d’intérêt ou de désir d’achat. On pourrait presque dire que cet observateur avisé des êtres, grand psychologue des comportements et du langage corporel, était ce qu’on appelle aujourd’hui un mentaliste, auquel aucun geste conscient ou inconscient du collectionneur n’échappait, qui savait, tel un magicien, les mots qu’il fallait dire au moment voulu, ce qui explique, outre le talent de ses artistes, la grande réussite de sa galerie.
UN HOMME DE CULTURE
Claude Bernard ne s’intéressait pas qu’aux peintres et aux sculpteurs : les écrivains, les philosophes, les critiques d’art, les académiciens, les psychanalystes faisaient aussi partie de sa vie. Lui qui fréquenta Leiris, Duchamp, Lacan, Cocteau et tant d’autres, savait, selon la formule d’Edgar Morin, que « l'homme ne s'accomplit en être pleinement humain que par et dans la culture." Intellectuels, critiques- Jean Clair en était l’un des éminents représentants- étaient toujours nombreux à ses vernissages et à ses dîners, où fusaient l’esprit, l’intelligence et l’humour.
Mais Claude Bernard était aussi mélomane et fréquenta les plus grands du monde de la musique, Boulez, Richter et beaucoup d’autres, qui furent ses hôtes à la Besnardière, où tout se terminait par un concert, souvent donné par le grand pianiste Alain Planès. Mais il fut aussi l’ami de Jean Guillou et rien ne le réjouissait tant que d’accueillir de nouveaux talents. Claude Bernard était organiste. Piano, orgue et clavecin faisaient partie de sa vie. Il fut d’ailleurs très lié à l’aventure de la Grange de Meslay et sa propre grange avait accueilli aussi de magnifiques concerts.
Claude Bernard était un homme de culture. C’était aussi
UN ESTHETE ET UN MECENE DE L’AMITIE
Claude Bernard aimait, en effet, le beau sous toutes ses formes. En atteste le soin qu’il accordait au décor quasi viscontien de ses maisons de Paris, de Venise et de la Besnardière et à l’ambiance de ses dîners. C’était un créateur d’instants parfaits. En grand mélancolique, il savait que la vie n'est supportable que si l'on y introduit de la légèreté, de la fête et de la joie.
Claude Bernard était aussi un mécène de l’amitié. Cette formule de l’un de ses amis résonne fort justement. Claude Bernard avait le goût des autres et n’aimait rien tant que de rassembler, avec beaucoup de soin, des êtres chers et des êtres rares, dont il savait que les âmes entreraient en résonance.
UN PERSONNAGE DE ROMAN
Avec sa fantaisie, ses costumes colorés, sa passion pour le japonais et pour la conversation, Claude Bernard était, au fond, un véritable personnage de roman, quasi proustien, dont nous aurions tous aimé écrire la vie, un personnage toujours mystérieux sur son passé, dont il ne livrait que des bribes ou des anecdotes de nature à stimuler nos imaginaires. Comme tout personnage de roman, il incarnait une vision du monde, assumant à la fois son amour de la vie et un regard parfois sévère sur son temps.
Que nous soyons ou non artistes, Claude Bernard nous laisse aujourd’hui tous orphelins- Il nous faut ici penser à sa merveilleuse équipe-, mais il n’aurait pas souhaité que nous nous attardions dans la douleur. Il nous aurait invité à continuer le chemin avec courage et détermination et à mettre toujours l’humanité, l’art et l’amitié au centre de nos vies.
Claude Bernard a beaucoup donné, nous a beaucoup donné. Ce qu’il a semé en nos vies et en nos esprits continuera de germer en nous. Et nous porterons tous le souvenir de l’homme lucide, sage, droit, juste et généreux qu’il fut, et sa présence dans nos mémoires continuera d’ensoleiller nos vies.
Chantal Colleu-Dumond
Hommage de Jacques Doré
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